En France, la question sociale du logement des personnes isolées est un sujet qui a fait l’objet de nombreuses études et analyses statistiques. Il en est ressorti que ce secteur souffre de divers maux et manquements, causes de son décollage qui demeure relativement latent et peu convaincant. Sylvie Laroche, ancienne directrice de l’Armée du Salut au Havre parle de l’action sociale pour répondre efficacement face aux challenges que cette question implique.
Une offre en logements insuffisante
En France, le parc social propose des logements à des personnes aux revenus modestes, des personnes éprouvant des difficultés particulières, notamment les personnes en situation d’isolement.
Au fil des années, les paramètres démographiques et économiques ont vite fait d’éprouver la conjoncture de cette offre de logements, mettant au grand jour la nécessité urgente d’innover et d’en proposer plus. En effet, les petits logements, plus adaptés aux personnes seules au vu de leurs revenus faibles, sont devenus une véritable denrée rare. Sylvie Laroche Armee du Salut explique quel’offre est insuffisante face à une demande exponentiellement grandissante.
Les chiffres selon l’Insee le démontrent clairement, révélant que 35 % des ménages français sont des solos. Les statistiques parlent même de 50 % dans les centres-villes et des grandes métropoles. Le parc social a été pensé autour d’une famille dont les parents ont un emploi stable, avec au moins deux enfants. Un schéma bien obsolète vis-à-vis de la demande qui se fait désormais plus pressante que jamais.
L’isolement, une situation menacée par le mal-logement
« L’accès limité au parc social fait que les personnes isolées se tournent généralement vers des parcs privés des associations comme l’Armée Du Salut à la recherche d’un toit » souligne Sylvie Laroche. Cependant, la situation précaire de leurs revenus (parfois inférieur au SMIC) les confronte à la dure réalité selon laquelle ils ne peuvent envisager d’accéder à des logements chers ou encore à des propriétés dans une grande ville.
Ayant constaté cela, les propriétaires réajustent fréquemment les loyers des petits appartements. Ils les rendent plus élevés au mètre carré que ceux des grands appartements. Un dilemme qui amplifie l’isolement social, car ces personnes âgées, ces migrants, ces jeunes en début de carrière ou encore ces veufs n’ont clairement pas ces moyens. L’isolement social aggrave donc les situations de mal-logement de ces personnes.
Seules et isolées, celles-ci perdent rapidement toute motivation à trouver un logement. La réalité selon laquelle les familles sont prioritaires sur les demandes de logements est clairement ancrée dans leurs mémoires, ce qui les décourage. Pendant ce temps, l’article 140 de la loi SRU dispose que les personnes connaissant des difficultés d’ordre particulier (dont les solos) ont droit à un logement social, il est donc d’une nécessité capitale de remédier à la situation.
L’adaptation nécessaire de la part des politiques
Les logements sociaux ont besoin d’outrepasser le standard d’habitats familiaux afin de faire émerger de nouveaux logements plus petits avec des loyers abordables. Une évolution qui contribuera vivement à améliorer le sort des personnes isolées, leur permettant alors de reprendre espoir et d’acquérir un toit décent et correct.
L’encadrement des loyers représente également une belle action pour contrôler les petites surfaces, plus prisées par les solos. De même que les collocations et les internats, autres solutions alternatives pour désengorger l’action sociale des politiques vis-à-vis du logement des personnes isolées. Un ensemble de solutions déjà en implémentation dans les villes de Rennes Le Havre , Lille et Paris selon Sylvie Laroche. Un espoir que cela s’applique à toute la France dans peu de temps.